Southern republicanism, deuxième édition

Au-delà de l’humanisme civique :
les « traditions républicaines » des Suds européen et atlantique, deuxième session

 

Atelier international, Université de Nantes, 19 et 20 septembre 2016

19 septembre 13h30-18h, salle 909, bâtiment Censive, Campus du Tertre

20 septembre 9h-17h30, salle 201, bâtiment Tertre, Campus du Tertre

 

STARACO - Statuts, « race » et couleurs dans le monde atlantique

CitƐr – L’Europe et les frontières de la citoyenneté – Alliance Europa, Institut d’Etudes européennes et globales

Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique, Université de Nantes

Région Pays de la Loire

Avec le soutien du CONICET – Universidad de Quilmes

Comité d’organisation

Gabriel Entin, Aanor Le Mouël, Clément Thibaud

 

 

Lundi 19 septembre 2016

13h30  Accueil des participants. Gabriel Entin, Federica Morelli et Clément Thibaud, introduction.

 

Session 1. La république en Amérique hispanique, fédérative, radicale

14h      Ana Frega (Universidad de la República, Montevideo), « Republicanismo radical en la banda oriental del Uruguay, 1810-1820 ».

15h      Geneviève Verdo (Université Paris I Panthéon-Sorbonne), « Les enjeux du républicanisme provincial dans le Río de la Plata ».

 

Session 2. Repenser l’institution politique de la société

16h15  Gabriel Entin (CONICET, Universidad de Quilmes), « Républicanisme et auto-institution au Río de la Plata ».

17h15  Clément Thibaud (Université de Nantes), « Après l’esclavage. Colonisation agraire, travail libre et migrations françaises en Amérique hispanique (1790-1870) ».

 

Mardi 20 septembre 2016

 

Session 3. Vertu, mer et commerce : un nouveau monde républicain ?

9h30    Manuel Covo (University of California, Santa Barbara), « Une genèse du républicanisme commercial à l’ère des révolutions : Saint-Domingue/Haïti ».

10h30  Nicolas Terrien (Université de Nantes), « Les républiques maritimes de la Caraïbe révolutionnaire ».

Pause

11h45 Annie Jourdan (Université d’Amsterdam), « Le républicanisme en république batave ».

 

Session 4. Race, républicanisme et citoyenneté : une tension inaugurale ?

14h00 Silyane Larcher (CNRS), « Idée républicaine et citoyenneté aux Antilles françaises : des enjeux conflictuels (18e-19e siècles) ».

15h00  Juan Heredia Neyra (Université de Nantes), « Républicanisme et racialisation au Pérou à la fin du XIXe siècle ».

Pause

16h15 Claire Bourhis-Mariotti (Université Paris 8), « Liberté, égalité, masculinité : la colonisation de l’Afrique par les Noirs américains, 1854-1862 ».

17h15              Discussion finale

 

Proposition

 

L’étude du républicanisme atlantique a connu un développement extraordinaire depuis que J.G.A. Pocock en a tracé les contours et les formes de circulation entre l’Italie, l’Angleterre et les Etats-Unis en révolution dans son Moment machiavélien : la pensée politique florentine et la tradition républicaine atlantique, publié en 1975. Ce maître livre y repérait un répertoire d’idées, de langages et de valeurs qui s’était consolidé dans les républiques italiennes de la Renaissance à partir de l’héritage antique, avait marqué les révolutions anglaises du XVIIe siècle puis l’indépendance des Etats-Unis. Ce registre intellectuel était défini comme un humanisme civique, opposé à la fois aux conceptions religieuses du commun, comme au libéralisme postérieur. La découverte d’un paradigme intellectuel qui avait nourri les grandes transformations politiques du monde anglo-américain depuis le XVIIe siècle allait susciter un tournant républicain. La modernité politique n’était pas seulement l’héritière de Hobbes et de Locke, c’est-à-dire du libéralisme politique, elle renvoyait à un autre courant de pensée devenu, par la suite, indistinct. Cette rupture devait marquer, au cours des années 1970-80, le débat historiographique sur la Révolution anglaise et la Révolution américaine et donner naissance à « l’Ecole de Cambridge ».  Elle permettrait de créer une façon nouvelle d’envisager l’histoire des idées à partir d’une approche contextuelle, et d’explorer, dans la longue durée, une conception oubliée de la liberté politique entre Europe et Amérique dans laquelle se nouent des rapports singuliers entre individu et communauté.

 

Depuis ces études fondatrices, notre connaissance du « républicanisme atlantique » a progressé à grands pas depuis les années 1970. Mais ces avancées ont paradoxalement produit une zone d’ombre, une sorte d’impensé qui découle des prémisses à partir desquelles le problème fut posé à l’origine. En effet, la double opposition entre républicanisme classique et religion, d’une part, liberté républicaine et libérale, d’autre part, a concentré l’attention sur l’espace nord-atlantique et sur une chronologie particulière, qui commence avec la République de Florence et s’achève avec l’indépendance américaine. Quid, cependant, d’autres espaces et contextes où les répertoires républicains furent imbriqués dans la pensée religieuse, en particulier catholique ? Pourquoi abandonner l’étude conceptuelle du républicanisme au moment où il obtient, au XIXe siècle, certains de ses plus grands succès en association avec les répertoires du libéralisme politique ? Pourquoi le paradigme républicain se développe-t-il avec tant de vigueur au sein de sociétés coloniales où les formes de contraintes et de domination se révèlent particulièrement fortes ? Autrement dit, les études de la tradition républicaine négligent à la fois le monde ibérique, qu’il soit européen et américain, ses « périphéries » néerlandaises – jusqu’en 1648 au moins – et l’espace francophone, qu’il soit d’Europe, d’Afrique ou d’Amérique. Le continent africain, malgré les expériences si différentes des républiques boers et du Liberia, n’apparaît guère dans l’historiographie.

L’objet de l’atelier consiste à explorer ces coins morts, à la fois conceptuel et géographique, pour dessiner un autre monde républicain qui se développe particulièrement dans les Suds de l’Europe et de l’Atlantique. Le point de départ de cette réflexion collective inscrit ces expériences républicaines dans le cadre de l’expansion et de la crise des empires européens de nature transatlantique et mondiale : Portugal et l’ Espagne, tout d’abord, Provinces-Unies et France, ensuite.  Il commence avec la république des Pays-Bas, la Catalogne et le Portugal, au XVIIe siècle, les expériences des colonies françaises, espagnoles, anglaises et néerlandaises dans la Caraïbe. Il s’agit de réfléchir également à la rupture républicaine de la décennie 1790 dans les Suds européen et atlantique, avec, par exemple, l’expérience de la péninsule italienne, Saint-Domingue, la Guadeloupe, les Quatre communes du Sénégal et les « conspirations » ibéro-américaines. La républicanisation de l’Amérique espagnole, au début du XIXe siècle, les soulèvements anti-impériaux du Brésil dans la premier moitié du XIXe siècle, les républiques boers, l’Orange et les républiques du Transvaal fournissent des exemples, qui, bien que liés par la même conjoncture des French Wars, n’ont, jusqu’à présent, pas été mis en relation par l’historiographie. Cette perspective sud-atlantique ouvre naturellement sur l’articulation avec l’Océan indien, comme l’un des horizons possibles de futurs débats.